Alors qu’une nouvelle réglementation est attendue dans quelques mois pour encourager la transition énergétique, les économistes de la construction sont en première ligne pour agir en faveur du développement durable. Rencontre avec Sylvain Teissier, responsable Formation continue de l’Untec, pour évoquer l’importance de l’Analyse du cycle de vie dans l’estimation des coûts.
Pourquoi prendre en compte le développement durable dans l’étude technique ?
Le développement durable est une notion générale censée faire évoluer les pratiques. Il associe l’économie et l’énergie pour assurer des conditions de vie saines et confortables aux usagers. Depuis 2001 et les premiers pas de la démarche HQE®, ce triptyque est naturellement pris en compte par les concepteurs. D’ailleurs, les économistes de la construction qui travaillent sur l’aspect coût intègrent forcement la réglementation thermique et le confort du bâtiment dans leurs analyses.
Quelles sont les interactions entre la performance énergétique du bâtiment et le coût ?
Concrètement, chaque variation d’un élément a un impact sur le coût, et chaque variation de coût peut avoir un impact sur les choix en matière de construction. Prenons par exemple un immeuble de logements RT2012 : pour faire un gain de 20 % des consommations énergétiques, cela va coûter entre 5 et 10 % en plus. Si on veut concevoir un bâtiment à énergie positive appelé BEPOS, le coût en plus sera compris entre 15 et 20 %. Et pour un bâtiment passif, il faudra compter entre 20 et 30 % d’augmentation par rapport au bâtiment initial, mais pour une consommation énergétique et un confort thermique bien différents.
En quoi l’économiste de la construction est-il un acteur clé pour l’analyse cycle de vie (ACV) ?
Aux prémices d’un projet, l’économiste définit et s’assure du respect du budget. Pour ce faire, il participe notamment à l’arbitrage du choix du mode constructif. Béton, bois, acier ou terre cuite… La durée de vie des matériaux, leurs caractéristiques techniques et les principes de mise en œuvre ont forcément des effets sur l’environnement ! L’économiste joue un rôle essentiel dans le choix du système constructif, mais également dans l’élaboration des études de bilan carbone.
Le BIM pourrait-il être un outil pertinent pour l’ACV bâtiment ?
Le BIM est un outil qui peut faire gagner du temps. Il peut être intéressant d’utiliser une maquette numérique réalisée par un architecte dans laquelle il est facile d’extraire des quantités. Toutefois, par expérience, la maquette est souvent incomplète dans les phases préliminaires, ce qui rend les études de bilan carbone plus difficiles.
Quel lien y-a-t-il entre le coût global et le bilan carbone ?
Lorsque l’économiste en construction réalise un bilan carbone, il analyse l’impact des matériaux sur une cinquantaine d’années. Par exemple, si l’on choisit un sol en moquette, son remplacement aura un impact sur le bilan carbone. Il suffit alors d’ajouter les coûts de remplacement et de maintenance pour obtenir un coût global. En définissant le coût d’investissement, le bilan carbone puis le coût global, l’économiste peut ainsi manager l’opération suivant ces trois indicateurs.
Pouvez-vous nous présenter le MOOC ACV de l’Untec ?
Le MOOC « ACV : prescrire selon le cycle de vie des produits et bâtiments » existe depuis le printemps 2018. Du bilan carbone à la présentation du label E+C-, en passant par la méthode de prescription du carbone, il permet aux professionnels de comprendre l’importance de le la méthode ACV dans la réalisation de nouveaux bâtiments. Au terme de cette formation, les économistes et les programmistes ont la capacité d’identifier l’impact du carbone dans leurs prescriptions.
En quoi la Mention Analyse cycle de vie bâtiment délivrée par l’OPQTECC est-elle utile ?
La réglementation énergétique et environnementale annoncée d’ici 2021 imposera de réaliser des bilans carbones. Cet aspect réglementaire et l’évolution des pratiques attendue dans les années à venir encouragent les économistes à analyser leurs projets sous le prisme du carbone. La mention de l’OPQTECC valorise les connaissances et les capacités de l’économiste. Elle s’avère indispensable pour les entreprises souhaitant démontrer leur maîtrise du sujet. C’est aussi un atout pour répondre à des appels d’offres.
COMMENT OBTENIR LA MENTION ACV DE L’OPQTECC ?
Les prérequis : avoir suivi la formation Untec ACV – Prescrire selon le cycle de vie des bâtiments ou avoir un référent ayant suivi une formation de 6h minimum relative à l’Analyse du Cycle de vie – ACV. Il faut également justifier de la capacité à faire une étude technique qui intègre les aspects du Développement Durable, tout en prenant en compte les trois phases de cycle de vie du bâtiment : Construction, Utilisation et Démolition.
Télécharger la fiche descriptive détaillée « Analyse du Cycle de Vie – ACV »