Particulièrement sensible à la question du coût global, Matthieu Lamy, Président de l’OPQTECC depuis quelques mois, dirigeant du cabinet d’économistes de la construction SQA, Vice-Président R&D et relations internationales de l’Untec et représentant de la France au sein du CEEC, revient sur l’importance de son évaluation et plus particulièrement sur l’intérêt d’aborder ce type d’études ainsi que l’intervention d’un économiste de la construction comme une mission bien plus large qu’une simple évaluation des coûts de construction. Entretien.
Comment obtenir la qualification Coût global ou coût global étendu ?
Pré-requis pour prétendre à la qualification Coût global
Être qualifié ou certifié :
• d’une part, en Assistance économique (1.4), ou en Etude d’esquisses, d’APS, d’APD (2.1.1) et en Etudes de projet/Etudes d’exécution/Assistance Contrats de Travaux (2.1.2)
• Et d’autre part, disposer au minimum d’un référent ayant suivi une formation spécifique sur le Coût Global basée sur la norme ISO/DIS 15686-5.
Pré-requis pour prétendre à la qualification Coût Global étendu
Être qualifié ou certifié :
• En programmation architecturale et technique (1.3.1) A + B+ C et/ou D
• Et disposer au minimum d’un référent ayant suivi une formation spécifique sur le Coût Global basée sur la norme ISO/DIS 15686-5.
Qu’est-ce que le coût global et comment cette notion est-elle intégrée aujourd’hui ?
La norme ISO/DIS 15686-5, qui sert aujourd’hui de référence dans le secteur définit deux types de « coût global » :
- Le « coût global » qui prend en compte les coûts de construction, d’exploitation, de maintenance-entretien et de déconstruction.
- Le « coût global étendu » qui s’appuie sur l’ensemble des coûts directs et indirects (fiscalité et comptabilité) d’une construction.
Il est courant de limiter nos missions à la première notion, mais seule la deuxième est véritablement « globale ».
Dans plusieurs secteurs dont le nucléaire, ou celui des PPP, que je connais bien, le coût global est systématiquement intégré dans nos missions, car il est traité dès la conception. Dans le nucléaire, tous les coûts sont anticipés, comme la consommation d’énergie, la maintenance, ou encore le démantèlement, car ce sont des opérations délicates, et la conception a souvent pour objectif de les réduire, ou de les simplifier.
Il en est de même dans le PPP, puisque le contrat comprend l’exploitation et la maintenance, tout au long du contrat. L’ensemble du cycle de vie de l’installation est ainsi maîtrisé.
En dehors de certains secteurs spécifiques, les notions de coût global sont peu connues, mal maîtrisées, et trop peu utilisées, et il est fréquent que nos missions soient limitées aux coûts de construction, alors qu’une simple question sur la nature des matériaux peut avoir une incidence très importante sur le coût global.
Dans ce contexte, quel est le rôle de l’économiste de la construction ?
L’économiste de la construction a un rôle considérable à jouer sur ces missions. C’est un véritable expert en coût du bâtiment. Le coût de construction est le sujet principal sur lequel on devrait interroger un économiste en premier lieu, car il intervient avant l’élaboration du programme, et au cours de l’exploitation de l’ouvrage, ce qui fait de lui un intervenant transverse, qui dispose d’une vue d’ensemble.
Il pourra d’ailleurs s’appuyer sur des experts pour traiter de certains sujets à caractère technique, comme des thermiciens.
Quels sont les principaux postes observés lors d’une étude de coût global ?
La tendance politique et médiatique conduit généralement à se focaliser sur le sujet des performances thermiques, et des émissions de CO2, mais ces sujets sont loin d’être les seuls !
Travailler sur le coût global, ce n’est pas optimiser uniquement les performances thermiques du bâtiment, c’est se préoccuper du coût de fonctionnement dans son ensemble. Il faut également prendre en compte les effectifs dédiés au fonctionnement, les dépenses d’entretien-maintenance, les assurances, la fiscalité…
L’OPPQTECC propose des qualifications « Coût global » et « Coût global étendu ». Quel est leur objectif aujourd’hui et à plus long terme ?
Ces deux qualifications, destinées aux économistes de la construction et aux programmistes, correspondent à aux deux notions prévues par la norme ISO précitée. Pour les établir, le travail a été simple du côté de l’OPQTECC mais il n’est pas nécessairement simple pour nos adhérents, car les maîtres d’ouvrages ont des besoins qui peuvent s’écarter de cette norme, et il en résulte des pratiques qui peuvent être hétérogènes.
L’ouverture de ces qualifications est une première étape. Nous réfléchissons actuellement à une évolution, pour mieux intégrer la réalité des pratiques.
J’en profite pour signaler que l’UNTEC propose également des formations sur le coût global, ainsi que des logiciels associés. Les professionnels peuvent ainsi s’informer, et s’équiper, pour rester à jour sur les pratiques d’ensemble.
Quelle est la plus-value de se faire qualifier Coût global via l’OPQTECC ?
Intégrer le coût global, c’est aussi revenir aux fondamentaux. L’OPQTECC délivre des qualifications tout en étant impartial. Nous sommes une association loi 1901 où siègent des maîtres d’ouvrages, des autorités réglementaires, des adhérents et des organismes institutionnels dont le Conseil supérieur de l’ordre des architectes, l’UNTEC et le SYPAA. Lorsqu’une entreprise nous contacte, nous validons ses compétences de manière indépendante.
Pour conclure, quels sont les principaux intérêts à évaluer le coût global ?
Il y a un réel intérêt social et sociétal à intégrer le coût global à l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment. En effet, ce type de démarche a une incidence sur les questions du recyclage, des consommations de fluide, de qualité des matériaux… Des matériaux durables signifient également des matériaux performants, que ce soit au niveau de l’usage mais aussi au niveau du confort. Le coût global a donc un intérêt technicoéconomique évident mais il embrasse l’ensemble des questions liées au cycle de vie de l’installation.