Comment l’économie circulaire peut limiter l’inflation des coûts

Comment l’économie circulaire peut limiter l’inflation des coûts

L’inflation revient et elle galope

Rappelons-nous que depuis 2000 et jusqu’en 2021, le taux annuel variait entre 0% (en 2015) et +2,8% (en 2008 – crise financière) avec une moyenne sur 20 ans de l’ordre de 1,4% par an.

Lorsque les coûts des énergies et ceux des matières premières augmentent, le processus d’inflation commence. En pratique, ce processus est accéléré et amplifié par l’effet combiné de la croissance des prix à la consommation, laquelle motive l’augmentation des salaires, créant une tendance visant à augmenter les prix des biens et des services, le relèvement des taux d’intérêt puis la hausse des coûts de production et de distribution. En clair, l’inflation alimente un ralentissement de la croissance, c’est ce qu’on nomme le cercle inflationniste.

Pour le secteur du BTP, cela donne le schéma suivant :

Comment l'économie circulaire peut limiter l’inflation des coûts

Côté énergies, entre le 2nd trimestre 2021 et celui de 2022, la hausse des prix des énergies (gaz, électricité et produits pétroliers) a contribué selon l’INSEE à 3,1 points d’inflation sur un total de 5,3% (sur 12 mois glissants). Et, malheureusement, ce chiffre ne tient compte que très partiellement de l’impact de la guerre en Ukraine.

Côté matières premières, sur la même période 2021/2022 et toujours selon l’INSEE, l’indice des prix internationaux des matières premières importées en France à augmenter de 22%.

Soit, mais que pouvons-nous faire à notre niveau ?

Limiter le coût global.

Grâce à l’application de l’économie circulaire, nous pouvons agir sur au moins trois familles constitutives du coût global :

  1. les coûts des énergies en privilégiant la sobriété et les énergies renouvelables non carbonées,
  2. les coûts des matières premières en limitant leur apport dans les processus de production,
  3. et ceux des matériaux en construisant ou en rénovant différemment, en achetant local et, surtout, en recyclant et réemployant.

Rappel de la notion de coût global

Ce seraient les militaires qui, à l’issue d’une réflexion du général Patton lors de la seconde guerre mondiale sur la nécessité de prévoir non seulement l’achat, mais aussi l’entretien des chars trop souvent en panne, auraient donné naissance à la notion de coût global. Avec la crise pétrolière des années 1970, la notion est passée du domaine militaire à celui de l’industrie puis à celui de l’immobilier, où elle s’est centrée sur la somme des coûts afférents à un bâtiment (ou « ouvrage ») tels que le coût de sa conception, celui de sa construction, de son assurance et de son exploitation sur des décennies, sans oublier celui de sa future démolition (ou « déconstruction »).

Plus de cinquante ans plus tard, l’approche en coût global a fait du chemin, et l’OPQTECC fait partie des acteurs qui ont œuvré à sa vulgarisation (lire en note 2).

Les maîtres d’ouvrage, notamment les élus qui voient au-delà de leurs mandats et les chefs d’entreprise qui pilotent leurs sociétés autrement que sur le court terme, ressentent le besoin de savoir ce qu’un ouvrage va réellement leur coûter jusqu’à son obsolescence. Si le fait de concevoir, construire ou rénover et maintenir dans une optique de maîtrise des coûts n’est pas d’une grande nouveauté, c’est la notion de coût global d’un bâtiment ou d’un ouvrage qui trouve une assise beaucoup plus large en intégrant son exploitation et le respect de l’environnement. Le terme gagne alors l’adjectif « élargi ».

La montée en puissance de l’approche en coût global élargi impose une réelle anticipation qui doit être initiée le plus en amont possible d’un projet, car près de 80 % des coûts d’exploitation sont prédéterminés dès le début du processus de conception qui suit la décision « go-no go ».

Cette approche n’est réellement intéressante que si elle fait l’objet d’une observation en continu et d’un bilan final. C’est pourquoi nous suggérons de considérer celle-ci dans l’optique globale, citoyenne, urbaine et durable de l’économie circulaire suivant le principe schématisé sommairement ci-après.

Rappel de la notion d’économie circulaire 

Comment l'économie circulaire peut limiter l’inflation des coûts

Comme l’énonce L’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC : lire note 3) : réussir la transition écologique passe par l’économie circulaire sous contrainte de ressources dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC : lire en note 4).

Sur ce sujet, l’INEC dévoile une étude réalisée avec Capgemini (lire en note 5) qui fait l’état des lieux de la transition bas carbone et des ressources minérales et naturelles critiques à horizon 2050. Elle révèle que la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), feuille de route de la décarbonation de la France, ne prend pas suffisamment en compte les contraintes de ressources qui pèsent sur sa mise en œuvre, surtout dans le contexte d’un modèle d’économie linéaire.

A contre sens, l’écoconception est une approche transformatrice à tous les niveaux qui vise à concevoir des produits ou des services en anticipant les impacts et les opportunités sur l’ensemble de leur cycle de vie. L’analyse du cycle de vie (ACV) découpe celui-ci en trois grandes étapes : l’extraction et la fabrication, la phase opérationnelle (ou exploitation) et la fin de vie. Il s’agit de maximiser la création de valeur économique et sociétale tout en minimisant les externalités négatives sur l’environnement.

L’application des compétences que déploient les experts de l’OPQTECC en matière d’analyse du cycle de vie sont alors précieuses (lire en note 6) pour ne pas dire essentielles.

Conclusion

À n’en pas douter les approches en coût global élargi vont naturellement se développer et sont appelées à devenir la norme. Introduire le moyen terme de l’horizon 2050 dans des projets jusque-là mesurés à l’aune de leur coût immédiat ou à trop court terme, modifier les processus d’analyse, de transmission des données et de partage des décisions, de choix des procédés et des matériaux ne saurait se faire du jour au lendemain, mais, le respect des objectifs de durabilité issus de la SNBC l’oblige, le moment est venu d’accélérer les évolutions en cours en ces domaines tout en redonnant à la croissance économique un autre carburant que l’inflation.

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